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En avril 2013, Ralph Stöckli a repris le département sport

de performance de Swiss Olympic. Pendant les Jeux

olympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro, il sera pour la

première fois Chef de Mission de la délégation suisse.

Pour Swiss Olympic, le médaillé olympique de 2010 repré-

sente une véritable chance: il connaît le sport non seule-

ment du point de vue des fonctionnaires, mais bénéficie

aussi de ses propres expériences de sportif d’élite accu-

mulées à un niveau international. Dans l’interview qui suit,

le Saint-Gallois d’origine explique pourquoi le sport lui a

indiqué la voie à suivre dans sa carrière professionnelle et

ce que représente selon lui le sport comme école de vie.

Ralph Stöckli, en 2010, vous gagnez une médaille

de bronze comme sportif actif. A peine cinq ans

plus tard, vous êtes l’un des fonctionnaires du sport

les plus haut placés du pays. Comment est-ce allé

si vite?

Ralph Stöckli: J’ai toujours été très intéressé par un poste

à responsabilité dans le sport. Déjà pendant ma période

active, je me suis formé de façon intensive, j’ai étudié le

sport ou plutôt le management du sport – j’ai ainsi prépa-

ré la voie pour travailler dans cette perspective après ma

carrière. Cependant, que tout soit allé si vite et que j’aie

pu si rapidement occuper une fonction importante n’est

tout simplement pas planifiable. Beaucoup de facteurs

doivent concorder. Comme on le dit si bien: être au bon

endroit au bon moment, mais également disposer des

connaissances et des expériences nécessaires.

Dans quels domaines profitez-vous en particulier

de vos expériences préalables comme sportif

d’élite?

Dans ma spécialité sportive, le curling, j’ai surtout appris

tôt à prendre des responsabilités et à être patient. J’ai

aussi appris à former une équipe et à la diriger. Il est bien

connu que ce ne sont pas toujours les meilleurs sportifs

pris individuellement qui forment une bonne équipe, mais

des individus qui se complètent de façon harmonieuse.

En tant que sportif d’élite, tu apprends à accepter les

défaites et à garder les pieds sur terre en cas de succès.

De mon point de vue, l’une des choses les plus importan-

tes que l’on apprend est de se fixer des objectifs et de les

poursuivre de façon conséquente, et ce justement parce

que c’est très important aussi en dehors du monde du

sport.

Pour les sportifs, quels sont à votre avis les obsta-

cles les plus importants qui se dressent sur leur

parcours vers une carrière professionnelle?

Plus l’activité en tant que sportif d’élite est longue, plus

on reste éloigné longtemps de la vie professionnelle et

plus on repousse le début de son parcours dans la vie

active. De ce fait, il manque au départ ces expériences

que d’autres ont pu faire durant cette période. Les sportifs

doivent les compenser et pouvoir démontrer qu’ils sont

également capables d’apporter de précieuses qualifica-

tions provenant du sport de performance.

Quelle perspective prévaut dans votre travail quoti-

dien actuellement: celle du fonctionnaire sportif ou

celle du sportif d’élite?

En tant qu’ancien sportif, je sais ce qui attend les athlè-

tes et je peux rapporter ces expériences. Il est important

d’avoir un bon équilibre. Dans ma fonction de responsa-

ble du sport de performance, j’ai une perspective à long

terme du point de vue des fédérations ou du fonction-

naire, c’est-à-dire porté sur un succès durable. Dans mon

rôle de Chef de Mission, c’est par contre le succès à plus

court terme pendant un événement tout à fait spécifique

qui est au premier plan, et j’ai ici plutôt un regard de spor-

tif d’élite.

De façon générale, quel conseil donnez-vous à de

jeunes sportives et sportifs pour leur carrière et la

vie après le sport?

Je recommande à chacun de s’intéresser déjà activement,

durant sa carrière et pas seulement vers la fin, à la façon

dont on veut utiliser sa carrière sportive comme tremplin

pour la «vie après». Faites suffisamment tôt un plan pour

savoir dans quelle direction vous aimeriez vous orienter

plus tard. Trouvez le bon mélange et faites aussi quelque

chose afin que votre cerveau travaille parallèlement à

l’entraînement physique intensif.

On dit souvent que le sport est la meilleure école de

vie. Qu’en pensez-vous?

Je suis tout à fait d’accord avec cette affirmation. Les

sportifs doivent d’ailleurs être eux-mêmes aussi actifs afin

que cette voie devienne effectivement la meilleure. Et on

ne doit jamais oublier que le sport d’élite produit en fin de

compte plus de perdants que de gagnants. On doit pou-

voir l’accepter. Lorsqu’on y parvient, une carrière sportive

est alors la meilleure base qui soit pour la suite de sa vie,

et en particulier sa vie professionnelle.

Y a-t-il, de votre point de vue, aussi un revers de la

médaille pour les jeunes qui comptent embrasser

une carrière dans le sport d’élite?

Les sportifs d’élite doivent constamment repousser leurs

limites sans les dépasser. Tous n’arrivent pas à supporter

cette pression. Malheureusement, on constate de temps

à autre que cette pression détruit certains jeunes. Il est

par ailleurs possible de faire de la prévention en travaillant

de manière plus intensive son mental. La psychologie du

sport m’a personnellement énormément apporté, j’ai fait

d’excellentes expériences avec elle.

www.swissolympic.ch